Kate et William déjà aimés du peuple
A 15 jours du mariage, toute l’Angleterre s’arrache le couple pour une présence princière.
La pluie a été inventée en Angleterre. Il était donc naturel de subir ce crachin persistant au cours de la troisième et dernière sortie officielle, avant le mariage, de Catherine Middleton et William de Galles. Ils visitaient une école professionnelle à Darwen, petite ville du nord-ouest, à une heure de route de Manchester. Mais Kate était souriante, comme de coutume. Plus jolie que d’habitude, grâce à sa chevelure brillante, bombée en arrière, son maquillage prononcé, son sourire très blanc et sa tenue, tailleur bleu marine sobre, talons hauts mais pas aiguilles. Sa perte de poids semble évidente. Se déleste-t-elle de toutes ces années d’attente, elle qui fut ironiquement surnommée par la presse « Waity Katie » ? D’elle, le commun des mortels ne sait pas grand-chose. Si tout se passe bien, après le règne d’Elizabeth II et celui, près de Charles, de Camilla Parker Bowles, elle sera la première reine à avoir étudié à l’université. Elle sera la première reine dont la mère fut hôtesse de l’air. Elle sera la première reine à avoir dansé en rollers et minishort en Lycra. Et elle sera la première reine à avoir connu le loup. Diana appelait Charles « sir » avant les noces. On se doute que ce n’est pas le cas entre elle et William. Catherine Elizabeth Middleton n’a commis aucun impair durant les huit années d’entretiens qu’elle a passés pour obtenir « le job ».
Pour Katie Nicholl, observatrice royale du « Mail on Sunday » qui a écrit un livre bienveillant sur leur romance (« William in Love », éd. JC Lattès) : « Ce n’est pas la princesse idéale, c’est le casting idéal. » En effet, tout paraît parfait. Ce mariage est une histoire anglaise. Pourtant, il pourrait se comparer à une histoire américaine. Car il ne s’agit pas d’une union où un jeune homme de sang très bleu épouse une congénère ou une anonyme fille de milliardaire afin de redorer la dot. Ses parents, Carole et Michael Middleton, se sont élevés socialement grâce à leur entreprise de vente par correspondance d’accessoires de fête et ont éduqué leurs trois enfants au sein d’un foyer uni, à la campagne. C’est une vie de travail, d’éducation, de mérite qui se trouve couronnée, d’où peut-être la popularité du jeune couple aux Etats-Unis. William ne se marie pas avec une roturière. La réussite familiale a transcendé les origines de Kate. De là à en déduire une folle envie des classes moyennes de grimper l’échelle jusqu’à Elizabeth II…
Kate, sa sœur Pippa et son frère James ont fréquenté les meilleures écoles, celles où s’usent les costumes des rejetons d’aristocrates et des grandes fortunes. Kate a été une élève studieuse, ni buveuse, ni fumeuse. Pas brillante, mais régulière en cours. Timide, on raconte qu’elle rêvait d’épouser un prince. Elle l’aurait croisé pour la première fois à 10 ans, à Ludgrove, non loin de chez elle, dans le Berkshire. William et son frère y disputaient des matchs de hockey. Elle chantait dans la chorale de la chapelle de l’école, jouait des rôles au théâtre, dont celui d’Eliza Doolittle. Elle a été élue déléguée de classe. Ses camarades la décrivent ainsi : « Discrète, aimant le sport plus que les garçons. »
Mais Kate Middleton n’a pas toujours atteint des sommets de popularité, notamment vers l’âge de 14 ans. Ses parents, qui disposent de moyens financiers croissants, l’inscrivent alors dans un pensionnat catholique élitiste pour filles, à Downe House, Berkshire. Le cauchemar. Cette ringarde, qui ne s’intéresse qu’aux études et au sport, subit, tête basse, les quolibets des pestes posh des établissements privés de Londres. Kate ne s’affirme pas. Elle se sent seule. Ses parents choisissent un établissement mixte, Marlborough College, après deux semestres. Pas moins huppé mais plus détendu, où les princesses Eugenie et Beatrice d’York ont également étudié. Un des rares épisodes malheureux de sa période pré-William. Qu’il faut relier à son souhait récent de reverser une partie des dons du mariage à une association caritative antibizutage.
Dans ce nouvel établissement, elle s’épanouit, notamment en mathématiques, en gymnastique, en hockey et en arts plastiques. C’est à cette époque qu’elle aurait déclaré à son amie Jessica Hay : « Aucun garçon ne me plaît. Ce sont tous des brutes. […] Pas un n’arrive à la cheville de William. » Ni à son torse, puisqu’elle aurait punaisé sur le mur de sa chambre un poster du bel héritier. Kate, gênée, a nié au cours de l’interview des fiançailles : « C’était une pub Levi’s. » Mais un de ses amis soutient le contraire. En attendant la venue de son prince, elle fricote gentiment avec un certain Willem Marx, joueur de rugby, délégué de classe, d’origine hollandaise. Il veut étudier à Oxford. Pas elle. Ils se séparent. En 2000, William s’offre une année sabbatique ; elle décide de suivre l’exemple.
Elle lui mitonnerait des petits plats, lui ferait couler un bain quand il rentre
Direction la Toscane, Florence. Pendant plusieurs mois, elle photographie des paysages italiens. D’après Katie Nicholl, Kate, qui jusque-là n’avait jamais attiré les regards, se met à embellir. Sa mère se montre ravie. Ensuite, Kate Middleton opte pour des études à l’université de Saint Andrews, option histoire de l’art. A-t-elle choisi cette destination en connaissance de sa cause, devenir une princesse, ou pour la beauté des landes et la légendaire panse de brebis écossaise ? Car elle aurait dû aller à Oxford, pas si loin là-haut. On sait la suite, sa rencontre avec William, leur amitié devenue amour après huit mois de croisement dans les couloirs et autres soirées. Un défilé de mode de madame en tenue légère, un Bikini recouvert d’un voile transparent, a fait tourner les sens de monsieur, opportunément assis au premier rang. Kate a incarné « la fiancée » à partir de 2001. Les semaines se sont transformées en mois, puis en années. Quelle patience ! Elle a subi sans broncher les premiers écarts en juin 2004. William, ayant besoin d’air, a glissé plusieurs fois sur la pente d’une infidélité peu digne d’un gentleman. Il a même poussé loin le bouchon de champagne, allant jusqu’à revoir quelques ex pour leur conter fleurette.Kate, meurtrie, s’est parfois fâchée. Mais leurs scènes de ménage sont restées d’une discrétion très chic. Et, chaque fois, Kate a encaissé. La rupture la plus dure a eu lieu en 2007. Cette fois-ci, la timide Catherine a sorti son ultime argument : la minijupe. Elle s’est fait photographier en train de sourire, courtisée par de jeunes hommes à Boujis, la discothèque de Guy Pelly, le compagnon de bamboche le plus assidu de son prince pas toujours charmant ! William est revenu. Kate a pardonné et n’a jamais pipé mot de ses déboires à la presse. Ni de rien, d’ailleurs. Ce mutisme absolu doit plaire à William, lui qui s’amuse à piéger ses amis en leur distillant de fausses informations pour voir si elles seront répétées. Mais cela offre peu de prise. Si elle avait déclaré : « J’aime les gâteaux au chocolat et les livres historiques », le public aurait été enchanté. Kate n’est pas Diana. Elle se marie à 29 ans, un âge adulte où la défunte princesse de Galles était déjà une mère désespérée. Middleton semble, elle, impatiente d’intégrer « la firme », surnom donné par Camilla Parker Bowles à la famille royale. La preuve : elle a séduit le prince Charles, en ayant su convaincre un William, déprimé de rester à Saint Andrews, par un changement d’orientation, géographie plutôt qu’histoire de l’art. Sans oublier les parties de chasse avec beau-papa, l’hiver, à Sandringham. William est, aux dires de proches, adepte d’un mode de vie simple. Il apprécie les dîners devant la télévision chez ses beaux-parents.
Kate et lui ne vivent pas entourés d’une horde de domestiques à Anglesey, île du pays de Galles où le prince poursuit sa formation de pilote d’hélicoptère au sein de la Royal Air Force. Elle lui mitonnerait des petits plats, lui ferait couler un bain quand il rentre… C’est lui le plus « middle class » des deux, finalement. Car quelle aspirante de la haute société aurait vécu ainsi, sur un bout de terre perdu, fouetté par le vent, sans boutiques au coin de la rue ? Est-ce de l’ambition ou de l’amour, alors ? Un mélange des deux, pour supporter une telle pression. On peut reprocher à Kate Middleton de n’avoir jamais vraiment travaillé. Il y eut bien un stage ou deux, pour la marque de vêtements Jigsaw, notamment, ou encore une collaboration au site Internet de ses parents, Party Pieces, mais rien de concluant. La Reine avait d’ailleurs émis le souhait que Kate soit une femme active et non une femme définie par son shopping, eu égard aux soucis avec Diana. Mais Kate s’est effacée, encore une fois. Sa vie, depuis des mois, des années, se résume à la planification du grand jour.
Car pénétrer au cœur des Windsor, « une branche profondément bizarre », selon Jennie Bond, ex-journaliste à la BBC, n’est pas chose aisée. Voilà une jeune fille moderne qui connaît la valeur d’un sweat Topshop. Elle court au-devant d’un monde où l’on change de tenue cinq fois par jour. Elle n’a jamais fêté Noël avec la famille de William. La Reine sera présentée aux Middleton le jour des noces. Si Kate, femme déterminée aux passions raisonnables, désire siroter un thé avec mamie, un rendez-vous devra être fixé auprès de son secrétaire privé… Des règles dignes de l’époque victorienne. La froideur de la famille royale ne l’effraie pas. Sa sœur, Pippa, rêve aussi d’un grand mariage. La barre est haute. Kate a su combiner le charme d’une actrice du muet et la conduite exemplaire d’une religieuse. Son rêve deviendra réalité dans deux semaines. Truman Capote, citant sainte Thérèse d’Avila, a écrit : « Il y a plus de larmes versées sur les prières exaucées que sur celles qui ne le sont pas. »
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